Saint-Barth - gendarmerie

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Une traque parasitée et une rumeur publique angoissée

La nouvelle s’est rapidement répandue sur l’île le samedi 1er juin. Vers 5 heures du matin, un septuagénaire a été réveillé dans sa maison de Saint-Jean par un homme muni d’une arme à feu. Après avoir violenté sa victime, l’agresseur a pris la fuite avec un téléphone portable et des cartes bancaires. L’acte criminel, le troisième du même genre enregistré à Saint-Barthélemy en moins d’un mois, a d’autant plus ému la population qu’il a touché un citoyen bien connu. Il a aussi déclenché une vague d’angoisse et de colère qui a nécessité l’intervention du préfet délégué des Iles du Nord, Vincent Berton, du président de la Collectivité Xavier Lédée et du commandement de la gendarmerie. Principalement pour affirmer la volonté, par des moyens accrus, d’interpeller le plus rapidement possible l’auteur des faits. Mais aussi et surtout pour désamorcer une colère qui pourrait conduire à des actes irréfléchis de la part de certains citoyens.
Le 8 mai, un homme a été agressé et volé à son domicile de Grand-Cul-de-Sac par un ou des hommes armés. Quelques jours plus tard, dans une villa de location à Saint-Jean, ce sont trois personnes de nationalité portoricaines qui ont vu débarquer des hommes en armes pour les dépouiller de leurs biens. La violente agression du samedi 1er juin vient s’ajouter à une liste déjà trop longue d’actes ­criminels.

« Il faut garder son calme »
Le lundi 3 juin, le préfet délégué des îles du Nord a réuni à la délégation de Saint-Barthélemy des représentants des trois groupes élus (Romaric Magras pour Saint-Barth d’Abord, Bettina Cointre pour Action-Équilibre et Fabrice Querrard pour Unis pour Saint-Barthélemy) puis ceux des socio-professionnels au sein du conseil territorial. Le président Lédée, actuellement en Suède, ayant participé par écran interposé. « Je suis venu car je sentais beaucoup d’émotion autour de cette affaire qui s’inscrit dans un cumul de faits choquants et inacceptables, a déclaré le préfet. Je partage cette émotion et je tenais à rappeler que nous mettons tous les moyens nécessaires pour résoudre ces affaires. »
Pour l’heure, une enquête est encore en cours pour les trois dossiers. La brigade de recherche de la gendarmerie nationale a été dépêchée à Saint-Barth pour épauler les équipes déjà présentes sur place. « Il est indispensable de coopérer avec la gendarmerie pour que ces affaires aboutissent », a insisté le représentant de l’état dans les Iles du Nord, en précisant avec force : « Et il faut garder son calme. Saint-Barthélemy n’est pas le far-west. Vouloir se faire justice est aussi injustifié que peu souhaitable. » Tout comme la diffusion massive de photographies de l’auteur du cambriolage à main armée à domicile du 1er juin. Car se sachant traqué et identifié, l’homme s’avère bien plus difficile à débusquer. En admettant qu’il n’ait pas réussi à échapper à l’étau qui se resserre et à quitter l’île.
Bref, face au parasitage de l’enquête, le préfet Berton martèle : « Il faut aider les forces de l’ordre.» Un message également lancé par le capitaine Deneuf Germain de la gendarmerie, qui invite la population à laisser travailler les professionnels.
Preuve de l’angoisse grandissante et de ses dérives, la multiplication des fausses informations circulant de smartphone en smartphone depuis quelques jours. Comme celle d’un nouveau braquage commis mardi dans une villa louée par des touristes venus des Etats-Unis ou celle qui relate une autre agression à main armée dans le quartier d’Anse des Cayes. Toutes fausses, affirme le commandement de la gendarmerie.
Lors de la réunion du lundi 3 juin, le préfet a souligné une baisse des agressions en 2024 par rapport à l’année précédente (- 19%), mais également des atteintes aux biens (- 18%) et des vols aux particuliers (- 22%). Il a également mentionné une hausse des gardes à vue (+ 89%) et des faits élucidés (+ 20%). Des chiffres qui, toutefois, ne parviennent pas à apaiser l’angoisse d’une partie de la population. Même si, comme l’a souligné le président Lédée dans une longue publication sur un réseau dit  “social”, « la situation est sérieuse et prise comme telle ».
Hier, mercredi 5 juin, l’enquête sur les trois cambriolages à main armée à domicile se poursuivait encore. Pour l’heure, aucun auteur n’a été appréhendé.

 

En détention provisoire pour menace de mort
Un habitant de Saint-Barthélemy âgé d’une cinquantaine d’années a été appréhendé courant mai et placé en détention provisoire dans l’attente de son passage devant le tribunal, fin juin. Il lui est reproché des faits de harcèlement et de menaces de mort répétées sur conjoint, en récidive.

 

Journal de Saint-Barth N°1570 du 06/06/2024

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