Saint-Barth - Illustration Justice

Justice - Peine d’amende pour le touriste en délit de fuite

Dans la courte liste des affaires inscrites au rôle de l’audience du tribunal correctionnel de proximité de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, le jeudi 29 juin, un dossier implique un citoyen des Etats-Unis. Il est convoqué pour avoir provoqué un accident de la route, le dimanche 20 novembre 2022, au volant de son imposante Jeep Wrangler de location, et d’avoir poursuivi son chemin sans prêter attention à sa victime. Les faits se sont produits dans le virage de Coupe-Gorge.
L’homme, accompagné de de son épouse, est en vacances à Saint-Barth et vient de quitter un restaurant de plage de Saint-Jean où il a célébré son soixantième anniversaire en famille tout au long de l’après-midi. Il roule donc en direction de Lorient lorsqu’il s’engage dans le virage de Coupe-Gorge. Son véhicule empiète sur la voie de gauche et percute la partie latérale et arrière d’une voiture qui circule en sens inverse. A bord, une femme et son enfant âgé de deux ans, heureusement solidement attaché à l’arrière et du côté opposé à la collision. Toutefois, malgré le choc, le conducteur du Wrangler ne s’arrête pas et poursuit tranquillement sa route jusqu’à sa villa de location.
Le prévenu n’ayant pas estimé nécessaire d’effectuer le trajet depuis Porto Rico, où il réside, pour répondre à sa convocation devant la justice française, il est représenté par une avocate et les magistrats s’appuient sur le contenu des auditions. Lorsqu’il est entendu, le touriste étasunien explique qu’il roulait vitres fermées, musique à plein volume, et que ni lui ni son épouse ne se sont rendu compte que leur véhicule avait percuté une autre voiture. Après enquête et analyse des dommages, les gendarmes estiment impossible que les occupants de la Jeep ne se soient pas aperçus du choc. De fait, la conductrice d’une voiture qui suivait celle de la victime témoigne de la violence de la collision. Elle explique notamment qu’après l’impact, le prévenu a donné un coup de volant afin de repositionner son imposant 4x4 dans la file de droite.
« En réalité, le prévenu a fait un tout droit dans le virage et a percuté le petit véhicule de ma cliente, résume l’avocate de la victime. Monsieur dit qu’il n’a rien vu, rien entendu. Et il est évident que le valet du restaurant dans lequel il a passé l’après-midi ne va pas dire dans quel état il a repris le volant. D’autres automobilistes se sont arrêtés, pas lui. Il a fui ses responsabilités en ne s’arrêtant pas. » Pour le procureur de la République, il ne fait pas de doute que le prévenu « a eu peur de la justice française » et a cherché « à se dédouaner de ses responsabilités ». Il ironise : « Si monsieur ne s’est pas aperçu de l’accident, il faut qu’il arrête de conduire. Tous les témoins évoquent la violence du choc, le bruit. Et le Wrangler est très abîmé. Nous avons une personne qui veut nous faire croire à autre chose que la réalité. C’est un acte de lâcheté. » Il requiert une peine amende de 1.500 euros et une interdiction de conduire sur le territoire français d’une durée de trois mois.
Il va sans dire que l’avocate de la défense présente une version totalement différente des événements. Ainsi, elle assure que son client est « un homme responsable ». S’il ne s’est pas arrêté après la collision, affirme l’avocate, c’est parce qu’il « ne s’est pas rendu compte de l’accident ». Pendant de longues minutes, elle plaide « la bonne foi » de son client et insiste sur le fait qu’il a payé les frais de location d’une voiture de substitution pour la victime.
Après délibération, le tribunal condamne l’homme d’affaires à une peine d’amende de 1.500 euros. Aucune interdiction de conduire sur le territoire français n’est prononcée.

 

Alcoolémie et menace au cutter

D’autres affaires ont été examinées et jugées lors de l’audience dite « foraine » du tribunal correctionnelle du 29 juin. Si certains dossiers ont été renvoyés à la date du 7 septembre, les magistrats ont notamment pu évoquer le cas d’un prévenu âgé de 33 ans qui, le 25 mai 2022, a eu un grave accident de scooter. Celui-ci s’est produit à 3h40 du matin. Seul en cause et fortement alcoolisé (2,1 grammes d’alcool par litre de sang), l’homme a été grièvement blessé. Il a passé quatre jours dans le coma avant d’être transféré en Guadeloupe, puis à Paris. Au cours de sa convalescence, il a subi plusieurs opérations chirurgicales, notamment de reconstruction faciale. Absent le jour de l’audience, il a été condamné à une peine de 120 jours amende à 10 euros. Son permis de conduire a été annulé.
Dans un autre dossier, un homme de 25 ans comparaît pour violences et menace avec arme. Le 16 août 2022, un salarié de la société qui l’emploie lui annonce que sa période d’essai se termine et qu’il ne sera pas conservé. C’est le début d’une violente altercation. Furieux, le prévenu préfère quitter les lieux mais son collègue le relance. Il « dégoupille », comme le formule le procureur. Il sort un cutter dont il se sert dans son travail et poursuit sa victime, qui se réfugie dans un bureau. «Tout s’est passé dans la colère », explique-t-il à la barre du tribunal. « Je vous incite à faire des démarches pour travailler sur cette violence », lui conseille le procureur de la République avant de requérir « une peine d’avertissement » de quatre mois de prison avec sursis. Le tribunal suit les réquisitions et inflige quatre mois de prison avec sursis au prévenu.

 

Journal de Saint-Barth N°1527 du 06/07/2023

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