Saint-Barth - Nils Dufau

La charge du CTTSB contre les dérives de la restauration

Si le pic de la saison est passé, les touristes continuent d’affluer à Saint-Barthélemy. Par conséquent, la « mise au point » du président du Comité territorial du tourisme (CTTSB), Nils Dufau, adressée aux restaurateurs de l’île peut à la fois surprendre ou s’avérer légitime, selon le point de vue. Car le contenu de la lettre n’est pas tendre avec « certains établissements » - aucun n’est cité nommément, cela va sans dire - et leurs employés. Une véritable charge qui dénonce des écarts de conduite et de comportement envers la clientèle.

« Rétablir une attitude professionnelle »
Si le président du CTTSB commence par souligner « la chance » pour Saint-Barth «d’accomplir une année quasi normale en exploitant ses commerces et ses restaurants sans trop de restrictions », ce n’est que pour mieux fustiger les dérives constatées depuis l’entame de la saison. « Malheureusement, écrit Nils Dufau, en cette période de début d’année qui nous permet de faire un bilan, trop d’hébergeurs nous ont fait part de plaintes sérieuses rapportées par leurs clients sur la conduite négative et arrogante d’un nombre d’employés et certains établissements restaurateurs. » Et le président du Comité du tourisme d’énumérer ces écarts de conduite : «Accueil passable, manque de politesse aux alentours de l’établissement, dédain envers certains clients en rapport avec leur consommation, qualité insuffisante des mets servis, moquerie et non-respect des clients étrangers non familiers avec les us et coutumes locaux, manque de courtoisie. »
Désireux de remettre de l’ordre dans la maison restauration, Nils Dufau rappelle que «le succès de chacun ne pourrait se faire sans un taux d’occupation conséquent des hôtels et loueurs de villas qui investissent du temps, de l’énergie et un financement conséquent ». Il termine en conseillant aux établissements « de motiver leur personnel à rétablir une attitude professionnelle et honnête ».

« On va remettre les points sur les « i » »
Directement concernée, l’association des restaurateurs de Saint-Barthélemy estime que les propos du président du CTTSB sont « tout à fait compréhensibles ». Elle précise néanmoins : « Il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier. L’association compte 70 établissements et on connaît ceux qui sont visés. Ils sont cinq ou six et clairement, au niveau de l’éthique, l’association est totalement opposée aux pratiques et aux comportements de certains restaurateurs. » Le fait d’imposer 20% de pourboire ou de proposer une qualité de produit inférieure à celle attendue par la clientèle, notamment. «On va remettre les points sur les « i » auprès de nos membres », assure l’association, qui insiste en affirmant qu’il ne s’agit « que d’une minorité» mais « qui doit se reprendre en main pour préserver l’image de l’île ».
Il va sans dire que le courrier du président du CTTSB a provoqué de nombreuses réactions lorsqu’il a été diffusé sur les réseaux sociaux. L’une des premières est venue de l’ancien sénateur, Michel Magras, qui a relayé la lettre en écrivant : « Mieux vaut tard que jamais. Il fallait du courage pour le dire. Le phénomène est assez nouveau. Il faut se poser les bonnes questions. Heureusement il y a aussi d’excellents restaurants sur notre île où même les Saint-Barth sont bien accueillis. » L’élu territorial et candidat pour les prochaines élections Xavier Lédée s’est également emparé du sujet. « S’il est nécessaire de ne pas faire l’autruche par rapport aux agissements de certains, écrit-il sur la page de son groupe politique, il est indispensable de se poser la question des raisons amenant à cette situation. » Et d’évoquer les conditions de travail et d’hébergement pour les employés qui arrivent sur l’île (« Permettent-elles d’avoir un ­service de qualité ? », ­s’interroge-t-il), les orientations politiques en matière de tourisme et d’économie («Permettent-elles d’attirer les investisseurs respectueux de l’île ? ») et les comportements des dirigeants et des élus (« Agressivité », «insultes parfois publiques») qui contribueraient à « légitimer certains comportements».
   

Journal de Saint-Barth N°1458 du 03/02/2022

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